Migraine : mieux la comprendre pour en venir à bout
Les migraineux peuvent l’affirmer, une crise aiguë de migraine peut être handicapante, voire même invalidante. Lorsque cela arrive pour la première fois, le patient peut avoir besoin de faire appel à un service hospitalier devant la violence de la crise. Mais qu’est-ce que la migraine ? Comment la soulager et la traiter ?
La migraine se différencie des autres maux de tête, ou céphalées grâce aux critères de La Classification Internationale des céphalées et il est intéressant pour le diagnostic et la prise en charge de savoir les différencier. Par exemple, la névralgie d’Arnold va suivre un trajet précis partant de la base du crâne et remontant sous la tempe, les céphalées de tensions vont être plutôt présentes en fin de journée, la migraine répond elle aussi à des caractéristiques précises.
Afin de poser un diagnostic, la description de la douleur doit répondre à 4 critères précis :
-elle doit être unilatérale (c’est-à-dire que la douleur ne doit être que d’un côté du crâne),
-elle doit être pulsatile (l’impression de sentir son cœur battre dans sa tête) ,
-être d’une intensité modérée ou sévère (sévère = incapacité de bouger)
-Elle peut parfois être accompagné de symptômes digestifs (sensation de nausée chez ¼ des patients et vomissement chez 10% d’entre eux) .
On retrouve également chez certains patients une difficulté d’expression, avec un vocabulaire réduit et une grande difficulté à trouver ses mots. De plus, 5% des patients migraineux présentent ce que l’on appelle une aura avant l’apparition de la crise migraineuse. Une aura va se définir par une intense lumière (aura ophtalmique) ou alors par la présence de sons anormaux. Il peut arriver que cette aura reste lors de la crise migraineuse.
Quels sont les symptômes de la migraine ?
Comme signalé plus haut, certains migraineux vont ressentir la crise arrivée et l’attendre avec une grande appréhension. Certains facteurs comme l’aura, ou des envies soudaines de chocolat peuvent être des indices. Une crise de migraine peut varier en intensité, mais aussi de durée : elle varie entre 4h et 72h, allant de la violente douleur, au besoin de rester alité dans le noir. Elle peut s’accompagner de photophobie (peur de la lumière) et de phonophobie (peur des sons violent/strident). On peut remarquer chez certains patients des douleurs dans la mâchoire, derrière les yeux, aux cervicales, ou au système digestif supérieur.
Un patient est dit migraineux s’il a fait au moins 5 crises de vraies migraines au cours de sa vie.
Quelle différence entre la migraine et la migraine ophtalmique ?
La migraine ophtalmique diffère de la crise migraineuse classique sur un élément en particulier : la présence d’un « scotome scintillant ». Cela s’apparente quelque peu à l’aura expliqué plus haut : imaginé un filament électrique qui arrive sur la périphérie de votre champ de vision et qui va grandir au fur et à mesure. Lors d’épisode de migraine ophtalmique, on peut retrouver chez les patients des fourmillements dans les doigts qui remontent jusque dans les épaules et potentiellement sur un côté de la face. Beaucoup plus rarement (6% des crises) des patients peuvent évoquer une paralysie temporaire d’un hémicorps.
Quelle est l’origine de la migraine ?
Une migraine peut avoir plusieurs origines, elle peut être vasculaire, articulaire, cervicale, musculaire ou faciale. Cependant, on sait désormais depuis une quinzaine d'années qu’une vingtaine de gènes sont présents dans l’origine migraineuse, et que les enfants dont le père ou la mère souffre de migraine auront 4 fois plus de risque d’être migraineux.
L’action de ces gènes est complexe mais peut être simplifié : ils vont agir sur deux neurotransmetteurs principaux que sont : la sérotonine et le glutamate.
Ces gènes vont engendrer une baisse de la sérotonine, neurotransmetteurs qui régule la taille des artères, le sommeil et l’anxiété. Ceci explique que certains migraineux soient aussi sujet au trouble du sommeil ou à des troubles anxieux. Le glutamate quant à lui est un excitateur cérébral qui va rendre le patient sensible aux différents changements présent dans sa vie : changement professionnel, déménagement, changement du rythme de vie, changement d’alimentation (même ponctuel tel un repas riche le dimanche midi chez les beaux-parents) …
Certains éléments déclencheurs ont été mis en avant par les différentes études sur le sujet, avec en tout premier lieu le stress. Comme signalé plus haut, les changements du quotidien sont aussi des éléments déclencheurs. Les idées reçues sont que les migraineux déclenchent des crises le weekend, ceci peut s’expliquer par un relâchement des tensions de la semaine. Une crise migraineuse le weekend peut devenir handicapante sur le plan social et familial car c’est un des seuls moments que l’on va passer en dehors de son travail, un moment normalement dédié au repos et à la vie de famille.
Qui est touché par les migraines ?
Elles touchent plus particulièrement les femmes avec 20% des patients contre 10% pour les hommes et 5% des enfants. Les enfants ne sont pas épargnés par cette maladie mais l'expriment différemment. Un enfant migraineux ne va pas se plaindre de douleurs à la tête, mais plus de maux de ventre, va être très grognon et ne plus vouloir sortir de son lit. C’est une barrière des mots qui vont limiter les possibilités d’expressions de l’enfant, mais aussi un système nerveux qui n’est pas encore arrivé à maturité.
La migraine chez la femme :
Le système hormonal féminin est un peu plus complexe que celui de l’homme, et des répercussions sur les crises migraineuses peuvent apparaître. On remarque tout d’abord une baisse de l’incidence des crises de migraine après la ménopause et lors de la grossesse.
Chez la femme existe une crise migraineuse absente chez l’homme : les migraines cataméniales. Ce sont des crises rythmées par le cycle menstruel de la femme : elles sont déclenchées par une chute du taux d’œstradiol. Cette chute brutale arrive en général aux premiers jours des règles mais la crise peut apparaître jusqu’à 5 jours avant le début du cycle. Ce sont des migraines dites « sans aura », plus longues, et qui répondent moins bien au traitement habituel.
Quelles solutions existent pour soulager votre migraine ?
Passer par la case médecin reste toujours une obligation, car un mal de tête sévère, nouveau, inhabituel peut être une urgence vitale. Les traitements médicamenteux existent qui peuvent être classifiés en deux parties : un traitement de crise, et un traitement de fond si la maladie devient trop handicapante au quotidien (traitement de fond qui peut réduire jusqu’à 50% la récurrences des crises migraineuses). Certains anti-inflammatoires peuvent aider à passer la crise, mais il faut toujours faire attention à l’abus médicamenteux.
D’autres solutions peuvent exister, comme l’activité en plein air, le calme, la natation ou une alimentation adaptée.
L’ostéopathie comme traitement naturel de la migraine ?
L’ostéopathe grâce à ses techniques va regarder le corps entier et déterminer l’origine de la migraine ou les tensions et dysfonctions qu’elle va créer chez le patient. Il peut se concentrer sur la base du crâne en levant les tensions, qu’elles soient musculaires, faciales, articulaires ou vasculaires. L’artère cérébrale est en première ligne de compte.
Qu’est-ce que je peux faire tout seul lors des crises ou pour les éviter ?
Lors d’une crise, il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire si ce n’est attendre. Quelques conseils avisés seraient :
-S’allonger dans un endroit calme
-éteindre toutes les lumières
-Dormir. Cela fera passer la crise plus vite, et la fatigue est un élément perturbateur important.
-Vous pouvez boire un café (même si cela rentre en contradiction avec le conseil précédent). Le café contient en effet des vasoconstricteurs cérébraux qui vont aider à faire passer la crise.
Une bonne alimentation et une activité physique en extérieur ont des effets reconnus. Il est aussi possible de réduire les tensions cervicales en effectuant des étirements des muscles de la base du crâne : tenez-vous bien droit, et lors de votre expiration, vous rapprochez lentement votre menton de votre cou. Vous devrez sentir l’étirement à l’arrière de votre cou. Une bonne hydratation reste primordiale pour pallier des migraines d’origine hépatique. Et enfin les exercices de respiration vont permettre d’avoir une bonne oxygénation du sang, et ainsi des différents tissus cérébraux.
Migraine et poste de travail
Des accessoires existent aussi pour réduire les différentes tensions, comme les chaises ergonomiques qui, en épousant convenablement les courbes du dos, vont venir soulager les muscles du cou et ainsi éviter les tensions cervicales trop importantes.
Si vous travaillez sur un ordinateur, de la fatigue visuelle peut apparaître. La lumière bleue peut avoir un impact oculaire et à terme engendrer des migraines. Il existe aussi des Lampes qui se branchent par USB et se fixent au-dessus de votre écran pour supprimer cette lumière ou des traitements des verres de lunettes (ou encore des verres de contact).
En cette période sanitaire particulière, il peut arriver de faire un mauvais diagnostique en confondant « imminence de crise migraineuse » et « début de COVID » avec des symptômes communs comme une fatigue accrue et un mal de tête grandissant. Il est toujours bon de consulter si la douleur n’évolue pas.
La migraine est une maladie malheureusement répandue et qui peut se révéler très handicapante. Mais que ce soit du point de vue médical, paramédical, ergonomique, ostéopathique ou au quotidien, des solutions pour améliorer le train de vie des patients peuvent être étudiées.